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LE CORRECTEUR TYPOGRAPHE

Cette même année 1471, parut le livre de Lorenzo Valla, les Élégances de la Langue latine ; Pierre-Paul Vieillot, secrétaire du Roi, avait corrigé le volume ; Jean de La Pierre lui écrit à cette occasion : « Je n’ai pas trouvé une seule correction oubliée dans le texte que tu m’avais donné à revoir, malgré une revision minutieuse que mon faible jugement — dont, par flatterie pour ton ami, tu avais exagéré la finesse — n’a pu découvrir. Tu as non seulement défriché le champ de notre auteur, que tu as sarclé et cultivé — comme tu l’as écrit — en le débarrassant de ronces, de pierres et des mauvaises herbes, mais tu l’as grandement amélioré — ce que tu aurais voulu me laisser à faire, mais en vain — en l’embellissant de fleurs et de plantes de divers genres. »

À la prière de son ami Fichet, dont la lettre est datée, à Tours[1], du 7 mars 1472, La Pierre « améliore, en les corrigeant et en les divisant », les Offices (De Officiis) de Cicéron que les imprimeurs de Paris vont mettre sous presse.

La Pierre, vieilli et fatigué, dut bientôt se faire suppléer dans sa lourde tâche de correcteur à l’imprimerie de la Sorbonne. Il s’adjoignit, on ne sait exactement à dater de quelle époque, un nommé Erhard[2], allemand d’origine, dont le nom de famille était Windsberg. Erhard qui étudiait la médecine à l’Université de Paris, non seulement aidait à la revision des éditions nouvelles, mais « il y mettoit quelquefois des épigrammes » suivies de commentaires. Parmi les pièces de vers dont il est ainsi l’auteur, il faut signaler surtout celle ajoutée à l’édition du Juvénal, accompagné des Satires de Perse, qui vit le jour en 1472. Erhard semble avoir définitivement remplacé La Pierre dans ses fonctions de correcteur à partir de 1472 ; tout au moins, à lui seul est attribuée la correction des Tusculanes qui parurent, cette même année, après le De Officiis.

« Depuis quelque temps, les princes, les grands de la Cour, les officiers de la Couronne s’intéressent aux imprimeurs de la Sorbonne.

  1. Guillaume Fichet attendait en cette ville la fin d’une mission dont il avait été chargé auprès du roi Louis XI, alors au château de Plessis-lès-Tours.
  2. Erhard était originaire du diocèse de Bâle ; reçu bachelier en 1463, licencié en 1466, il devint procureur pour la « nation germanique » en 1468.