Page:Brossard - Correcteur typographe, 1924.djvu/81

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
LES CORRECTEURS EN PROVINCE
59

devait remplir le xvie siècle du bruit de ses misères, de l’éclat de ses aventures et de la gloire de sa renommée. En 1532, Rabelais — pour la vie duquel même, une courte esquisse biographique paraît inutile — était à Lyon où, dès son arrivée, il se liait d’amitié avec le malheureux Étienne Dolet ; puis il se mettait en rapports avec Sébastien Gryphius et François Juste, également imprimeur. À cette époque, Rabelais est tour à tour auteur, prélecteur ou collationneur et correcteur d’imprimerie : en cette année 1532 en effet, le terrible satirique Tourangeau fait paraître chez Gryphius le tome second des Épîtres de Manardi et la première édition des Aphorismes d’Hippocrate et de Galien dont il revise la traduction latine, et qui furent réimprimés en 1543 et 1545 ; en même temps il livre à François Juste le manuscrit de l’Histoire de Gargantua dont il assume la correction. Après un voyage à Rome, avec son ami et protecteur le cardinal du Bellay, Rabelais est de nouveau à Lyon en 1534 : il signe l’épître dédicatoire de la Topographia antiquæ Romæ de J. Marlianus et fait imprimer chez Juste le Pantagruel ; en 1535, c’est le tour de la Vie du Grand Gargantua que précède une édition d’Almanach ; de cette date à 1545, il retourne successivement à Rome, puis à Montpellier (où, ayant choisi comme sujet de thèse les Pronostics d’Hippocrate qu’il explique en grec, il est reçu docteur), et enfin à Lyon où il est nommé médecin du grand hôpital. En 1546, il donne à Paris une édition du Pantagruel chez Chrestien Vecchel, rue Saint-Jacques (À l’écu de Basle) ; en 1547, on le sait à Metz ; en 1549, il fait paraître sa Sciomachie et festins faicts à Rome ; en 1550, il est nommé curé de Meudon ; et, en 1553, qui fut, croit-on, l’année de sa mort, il donne le quatrième livre de Pantagruel.

Jacques Frachet, de Saligny-en-Bourbonnais, fut, en 1552, directeur du collège de la Trinité à Lyon où, dit le bail passé à cet effet, il « ne sera parlé aulcune langue que grecque et latine ». Parmi les travaux publiés par cet érudit, il faut signaler : en 1552, une traduction française de la République de Xénophon et Dix Dialogues sur la grammaire latine, en latin, chez Michel du Bois ; puis, en 1553, une nouvelle édition du Donat. Comme tous les lettrés de l’époque, Frachet fut correcteur dans plusieurs ateliers d’imprimerie, et principalement dans celui de Michel du Bois. Ce correcteur, sans doute, ne s’efforça point d’amender sa vie autant qu’il s’essaya de corriger les travaux qui lui furent