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Page:Brossard - Correcteur typographe, 1934.djvu/136

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qualités et les défauts et en tirer des idées d’application, ces forts en prétention passent dédaigneusement, ils se contentent de leur routine.

Comme chef d’équipe, le metteur en pages a la responsabilité du travail. Tout en veillant à ce que l’ouvrier, s’il est aux pièces, ait la facilité de gagner un salaire normal en respectant les tarifs convenus, il doit exiger que le travail soit livré dans les conditions voulues. Le metteur en pages détient ainsi une part plus ou moins grande de l’autorité patronale, et celui qui, par indifférence ou par son silence, se fait complice de ce qui peut être préjudiciable aux intérêts de la maison qui l’occupe, manque à sa mission et travaille contre lui-même. Sans nullement désirer qu’il soit un surveillant hargneux, il doit posséder une autorité morale suffisante pour qu’on sente en lui, non un chef, si l’on veut, mais un frère aîné, — frère aîné ayant droit et ayant mission de veiller à ce que le patron qui lui a cédé une part de son autorité, qui lui a accordé une certaine confiance, ne soit lésé en rien.

Ferme sans brusquerie, camarade bienveillant sans faiblesse, le metteur doit se faire respecter de ceux qui sont à sa disposition et tenir à honneur de remplir dignement son poste. À cet effet, en plus du savoir professionnel, quelques qualités lui sont indispensables : sobre, régulier, exact, La critique jalouse qui lui reprocherait de céder au pot de vin pour favoriser tel on tel ne doit avoir aucune prise sur son attitude.

L’exactitude n’est pas seulement celle qui découle de l’arrivée à l’atelier à heure précise, mais surtout de la livraison en temps voulu du travail demandé pour une heure fixe. Si, parfois, les exigences multiplient les difficultés, le metteur devra s’ingénier, se débrouiller, s’organiser en tenant compte de la valeur de ses hommes et des nécessités, pour que le travail tombe au moment indiqué. Lorsqu’on lui demande de préciser à quelle heure ou dans combien de temps le travail sera prêt, il doit, après avoir donné une réponse motivée et mûrement réfléchie, tenir l’engagement pris.

Le metteur en pages sera non seulement clair et précis, mais surtout ordré : dans son travail, dans le classement des copies ou des épreuves et des renseignements qu’il détient, dans la répartition de la besogne à chacun. Il sera aussi soigneux : veillant à ce que la besogne dont il a la responsabilité soit effectuée dans les conditions convenables, ne laissant rien traîner, n’égarant rien, s’attachant à ce que tout se suive et soit conforme aux indications données, apportant enfin un soin méticuleux à tous les détails.

Le manque de mémoire serait pour un metteur en pages motif à maintes fautes et peut-être un obstacle sérieux à un accomplissement convenable de sa tâche. En prévision de cette vérité que les meilleures