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Page:Brossard - Correcteur typographe, 1934.djvu/204

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convenablement margée, bien lisible, sur papier propre, suffisamment grand et collé ; elle portera cette indication : épreuve à la brosse, expression qui devrait être comprise de tout profane.

a) Dans les imprimeries de moyenne importance, et a fortiori dans les maisons importantes, des ouvriers spéciaux — appelés pressiers ou faiseurs d’épreuves, mais qui s’attribuent parfois le titre de conducteurs — sont chargés du tirage des épreuves à la presse en blanc, à la presse à bras, dite aussi presse manuelle Stanhope ou Foucher, ou de leur confection à la brosse.

b) Dans les ateliers, où le nombre des ouvriers ne permet pas d’affecter de manière spéciale un employé au tirage des épreuves, généralement chaque compositeur fait lui-même épreuve de sa composition pour la remise au correcteur des typographiques. Quelquefois même, ce travail, très simple en apparence, est confié à des apprentis auxquels personne n’a pris soin de donner au moins quelques leçons élémentaires relatives à ce sujet et sur les actes desquels chacun, malgré les plaintes du correcteur, s’ingénie à fermer les yeux.

Les paquets portés à la presse ne sont jamais débarrassés de leurs porte-pages, souvent constitués par des maculatures de forces différentes et pleines d’aspérités ; l’encrage consiste, plutôt en l’épandage à la surface du caractère d’une sorte de cirage pâteux ; la pression est mal réglée ; le coup de barreau est donné au hasard de la vigueur des bras, pendant un duel à coups d’éponge ou de cadrats, et sans la précaution de mettre à droite et à gauche du marbre les supports de pression. Les paquets, vaguement séparés par des garnitures de fortune, ne sauraient donner à l’impression quelque idée d’une marge cherchée ; le papier, quelconque, porte ici en déchirures multiples les traces violentes de la robustesse de l’ouvrier et là atteste par des moines nombreux l’amour du rouleau et la déplorable qualité de l’encre ; le caractère a subi le contact violent de la platine, et l’absence des supports en plomb ou en fer aux quatre coins du marbre a causé d’irréparables dégâts. Ajoutez à cela des blanchets qui ne sont jamais lavés ni entretenus, un rouleau détestable, une table à encre qui ne fut oncques nettoyée et un marbre de presse que l’encre sèche dispute à la rouille. Les épreuves faites, les paquets, sans être lessivés, sont portés sous le rang, où ils restent, exposés à la poussière, parfois un temps fort long avant d’être corrigés. Ces habitudes regrettables sont préjudiciables autant à la presse elle-même qu’à la lettre, surtout s’il s’agit de caractères de fantaisie, de compositions délicates et ornementées. Pour peu en effet que l’on fasse, dans ces con-