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Page:Brossard - Correcteur typographe, 1934.djvu/208

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CHAPITRE X

CALIBRAGE



Pour évaluer un manuscrit, aussi bien que pour choisir un caractère à employer, il est indispensable de connaître le nombre de lettres d’un type déterminé qui entrent dans une justification donnée.

Dès qu’un caractère arrive de la fonderie chez le maître imprimeur, le prote ou le chef de matériel le calibre ou le fait calibrer, et, le cas échéant, établit le tableau de calibrage auquel devront se reporter tous les compositeurs aux pièces pour l’établissement de leur bordereau.

Le calibrage est ainsi une opération fréquente, et fort ancienne, à laquelle au cours des temps mainte modification fut apportée à différentes reprises.

Jusqu’en l’année 1868 — et même ainsi après l’établissement du premier tarif typographique qui eut lieu en 1843 — on comptait à l’n.

M. Brun[1] décrit de la manière suivante la méthode en usage de son temps :

« La composition se paie au mille de lettres que contient la feuille. Le prix diffère suivant la grosseur ou l’exiguité du caractère.

« Le mille s’évalue sur le nombre d’n[2] du corps que contient la justification, multiplié par le nombre de lignes que contient la page, et ce dernier produit par le nombre de pages que contient la feuille.

« Si la dernière n n’entre pas, toute autre lettre plus mince, même l’apostrophe, en tient lieu ; mais, si cette dernière ne peut pas entrer, on ne la compte pas.

  1. Manuel pratique et abrégé de la Typographie française, p. 89. À Paris, chez Firmin Didot Père et Fils, 1825.
  2. M. Brun justifiait ainsi le choix de cette lettre : « La lettre n est le terme moyen vrai de l’épaisseur de toutes les sortes d’une casse ; ses égales sont l’h, l’u, l’o, le b, le d, le p, le q, etc. Dans l’œil ordinaire, ces sortes doivent être de l’épaisseur du demi-cadratin juste ; dans le petit œil et le poétique, elles sont un peu plus minces ; et dans le gros œil elles sont plus épaisses.