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papier et la reliure[1] — intéressant directement la confection d’un livre.

La plupart des maisons gravant et fondant elles-mêmes les caractères qui leur étaient indispensables, pendant longtemps il n’y eut aucune régularité dans les dimensions des caractères employés en typographie : la force de corps variait d’une officine à l’autre ; les imprimeurs de Paris, comme ceux de Lyon, donnaient même parfois à leurs productions une hauteur en papier différente de celle en usage dans d’autres villes[2].

En ces diverses matières il n’était en effet d’autre règle que la nécessité évidente pour chaque maison de posséder des caractères ayant tous une hauteur en papier rigoureusement semblable qui seule permettait d’utiliser, au cours du travail, les combinaisons, les mélanges, de plusieurs types de caractères de corps différents.

Les dénominations des caractères étaient également quelque peu arbitraires ; elles étaient, pour la plupart, tirées du titre du premier ouvrage pour la composition duquel le caractère avait été utilisé. En voici la nomenclature, par ordre de décroissance, telle que la donne Dominique Fertel, imprimeur à Saint-Omer, dans son célèbre ouvrage la Science pratique de l’Imprimerie[3] paru en 1723 :


01. Le gros Double Canon[4] ;
02. Le Double Canon ;
03. Le Gros Canon ;

  1. Par un édit du mois d’août 1686, enregistré le 7 septembre de la même année, la Communauté des Maîtres relieurs et doreurs fut déclarée entièrement distincte et séparée de celle des Maîtres imprimeurs et libraires.
  2. Voir, sur ce sujet, un article très documenté de M. A. Basile (supplément gratuit au n° 720 du journal l’Imprimerie).
    xxxAlors que les fondeurs de Paris avaient une hauteur se rapprochant de 10 lignes et demie géométriques, Lyon conserva longtemps (même après le règlement du 28 février 1723) la hauteur de 11 lignes, et Strasbourg celle de 11 lignes et quart.
  3. Le titre de ce volume est curieux à connaître : « la Science pratique de l’Imprimerie, contenant des Instructions trés-faciles pour se perfectionner dans cet art. On y trouvera une description de toutes les pieces dont une Presse est construite, avec le moyen de remedier à tous les défauts qui peuvent y survenir. Avec une Méthode nouvelle et fort aisée pour imposer toutes sortes d’Impositions, depuis l’In-folio jusqu’à l’In cent-vingt-huit.
    xxxDe plus, on y a joint des Tables pour sçavoir ce que les Caracteres inferieurs regagnent sur ceux qui leur sont superieurs, et un Tarif pour trouver, d’un coup d’œil, combien de Formes contiendra une copie à imprimer, trés-utile pour les Auteurs et Marchands Libraires qui font imprimer leurs Ouvrages à leurs dépens.
    xxx Le tout représenté avec des Figures en bois et en taille douce.
    xxxÀ Saint Omer,
    xxxPar Martin Dominique Fertel, Imprimeur et Marchand Libraire, rue des Espeérs, à l’Image de saint Bertin.
    xxxM. DCC. XXIII.
    xxxAvec approbation et privilège du Roy. »
  4. On remarquera que Fertel n’utilise point le trait d’union pour les dénominations de caractères, alors que dans le Code de la Librairie et Imprimerie de Paris, paru en 1774, Saugrain écrit « Gros-Parangon, Petit-Canon», etc.