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Page:Brossard - Correcteur typographe, 1934.djvu/868

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b) Pour les surcharges et les corrections qui laissent apparaître le texte primitif, il est indispensable que l’auteur ait recours à la gravure ;

c) Pour les grattages dont le seul résultat a été de rendre moins visible, d’abîmer la surface de la lettre, le typographe est dans la nécessité « d’égratigner » l’œil du caractère à la lime, au canif ou de tout autre manière, afin de simuler l’aspect réel de la gravure ;

d) Enfin l’auteur peut restituer le texte des lacunes ou, en cas d’impossibilité de restitution, figurer ces lacunes à l’aide de l’artifice habituel.

20. À l’examen d’un grand nombre d’inscriptions la manière de travailler des tailleurs de lettres a pu être reconstituée :

a) En tenant compte du plus ou moins grand nombre de mots qu’elle devait contenir, la pierre était d’abord réglée, c’est-à-dire que le graveur traçait des lignes horizontales lui assurant la régularité de sa gravure : sur des pierres brisées dont on a juxtaposé les morceaux, on a pu constater la concordance du texte et du réglage ;

b) Un schéma de l’inscription était tracé : 1° à l’aide d’une substance laissant des traces suffisamment nettes et visibles, l’artisan esquissait la répartition du texte, afin de donner, par une disposition convenable, un aspect satisfaisant ; 2° après un examen sommaire de la rédaction, l’artiste, à l’aide du ciseau, gravait d’abord la lettre peu profondément, à la surface en quelque sorte, et achevait son travail si l’arrangement répondait à son goût ou à ses préférences artistiques et aux ordres qui lui avaient été donnés ; 3° si ces conditions n’étaient pas remplies, il faisait disparaître son premier travail et modifiait l’ordonnance du texte ; mais il arrivait parfois que les traces de la première disposition subsistaient : l’œil du lecteur pouvait les distinguer, ce qui ne manque pas de créer des embarras aux archéologues actuels ou de donner prise à des confusions.
xxxx De manière générale, la reproduction typographique néglige ces détails : si leur connaissance est considérable au point de vue de la technique et de l’histoire, leur importance est, le plus souvent, nulle au point de vue du texte typographique ; si, pour des raisons particulières, l’auteur désire indiquer la figuration exacte, il fournit une photogravure ou un dessin.