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exécutées. D’ailleurs, le mélange d’espaces fines et d’espaces moyennes, ou encore celui des espaces fortes et des espaces moyennes, et parfois des demi-cadratins et des espaces fortes, occasionne à l’ouvrier une perte de temps, conséquemment d’argent. Pour obtenir un travail régulièrement espacé, donc exempt de reproches, le compositeur doit en effet, durant son travail, effectuer hâtivement un tri ennuyeux, qu’il lui eût été facile d’accomplir au cours d’une distribution convenablement exécutée.

c) Aussitôt que l’apprenti sait convenablement la casse, il doit s’exercer à la lecture sur le plomb ; c’est grâce à cet exercice seulement qu’il aura chance de connaître et de retenir les particularités propres à chaque lettre. La lecture sur le plomb s’opère, en somme, comme une lecture ordinaire de la gauche vers la droite, le renversement de la lettre ayant lieu, on l’a vu, de la tête au pied. Aussi après quelque temps d’exercice cette lecture est relativement facile ; même elle ne tarde pas à devenir aisée.

Une grande habileté de lecture est indispensable pour la distribution : de la rapidité et de la sûreté avec lesquelles un compositeur lit sur le plomb dépendent éventuellement la qualité de sa distribution et, ultérieurement, la pureté de sa composition. La presque totalité des coquilles (lettres à la place d’une autre) d’une épreuve peuvent en effet être attribuées à une mauvaise distribution, conséquemment à une lecture défectueuse sur le plomb ; bien peu sont à porter au compte d’une distribution brouillonne ou exagérément vive. Qui lit bien et se possède bien distribue bien et, par suite, peut prétendre, à part certaines erreurs inévitables, donner une composition exempte de coquilles.


II

EXPLICATIONS PRÉLIMINAIRES


« La composition proprement dite, dans son sens le plus étroit, consiste à rassembler, suivant un texte donné, les lettres une à une pour en former successivement des mots, des lignes, des pages, etc. »

a) Le compositeur reçoit des mains du metteur en pages le texte ou copie à composer.

Ce texte peut être un manuscrit ou une réimpression ; la réimpression s’appelle manuscrit belge[1] ; elle est dite chou pour chou, lorsqu’elle doit

  1. Ainsi désigné parce qu’à une époque les imprimeurs belges éditaient surtout, en contrefaçon, les travaux parus dans les autres paya, notamment en France.