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Page:Brossard - Correcteur typographe, 1934.djvu/959

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flan d’après lequel un cliché stéréotype était coulé à la manière ordinaire. Après cela vint la machine Hooker, due à l’ingéniosité d’un compositeur anglais et actionnée par l’électricité. Une particularité intéressante de cette machine était son clavier qui, au lieu de présenter une série de touches, comportait une quantité de plaques de dimensions différentes, reproduisant par leur assemblage la disposition d’une casse ordinaire. La pression du doigt de l’opérateur sur l’une de ces plaques libérait un caractère correspondant par l’intermédiaire d’électro-aimants. Ce système ne fut jamais exploité industriellement.
xxxx Toutes ces machines employaient des caractères de fonderie, pourvus, dans la plupart des cas, d’un crantage spécial, assurant les combinaisons voulues pour leur distribution lorsque celle-ci était automatique. Par conséquent, indépendamment des difficultés de fonctionnement inhérentes aux manutentions mécaniques complexes auxquelles étaient soumis les caractères, d’épaisseur parfois très faible, elles présentaient deux défauts en quelque sorte rédhibitoires : elles ne justifiaient pas, ou justifiaient mal quand cette fonction était prévue ; les caractères, devant resservir pour plusieurs compositions successives, s’usaient et se détérioraient dans des proportions très inégales, suivant la fréquence d’emploi propre à chacun d’eux, de sorte que la composition obtenue était plutôt inférieure en qualité par rapport à celle réalisée à la main.
xxxx L’époque qui suivit dans l’histoire des machines à composer commença vers 1886, lors de l’apparition de la Linotype. Pour parler exactement, celle-ci ne constitue pas une machine à composer des caractères ; au contraire, sa fonction consiste à assembler des matrices, d’après, lesquelles une ligne-bloc est fondue : d’où son nom.
xxxx D’après le même principe, on imagina plusieurs autres machines, parmi lesquelles la Monoline et la Typograph, dont le lecteur a vu précédemment la description sommaire.
xxxx La machine « Monotype » ouvrit une nouvelle ère pour le monde de l’imprimerie. Ses créateurs s’étaient efforcés de doter la typographie d’une machine qui pût combattre successivement toutes les objections, tant théoriques que pratiques, susceptibles d’être soulevées raisonnablement contre la composition mécanique.
xxxx La machine « Monotype » produit de la composition formée de types séparés, autrement dit, de caractères mobiles, fondus séparément pour chaque nouveau texte exécuté.
xxxx Le principe d’après lequel la machine « Monotype » a été établie permet des applications presque illimitées, et les problèmes qu’on peut être amené à résoudre dans un atelier de composition tombent toujours dans ses possibilités, quelque compliqués qu’ils puissent être. Une notable partie de ses avantages sont dus à la séparation de ses fonctions, — opération de composition indépendante de la fonte des caractères composés. Par cette application concrète et rationnelle de la division du travail, rien n’est sacrifié de la vitesse de production, ni de la commodité d’exécution du travail : le compositeur, uniquement, compose sur son clavier, et la fondeuse coule et assemble automatiquement les caractères, sans que son fonctionnement puisse troubler en quoi que ce soit le travail du claviste, qui garde ainsi toute sa liberté d’action.