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Page:Brown - Pages intimes 1914-1918.djvu/26

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Vers les charniers on les voiture
Par la forêt saignée à blanc,
Et dans l’ornière leur ramure
Traîne comme des bras ballant.

Sur leur écorce rude et noire
S’entrelaçaient encor des cœurs
Et les feuilles de notre Histoire
Se confondaient avec les leurs.

Des générations sans nombre,
Le soir venu d’un dur labeur,
S’étaient assises à leur ombre,
Avaient respiré leur fraîcheur.

Ô barbarie, ô barbarie,
Tu n’avais pas tout massacré !
Il nous restait de la Patrie
Ce sol boisé, ce sol sacré !

Mais en vain de sa chevelure
Ton fer a dégarni son front ;
Elle apparaît d’autant plus pure,
D’autant plus grande sous l’affront.



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