Page:Brown - Pages intimes 1914-1918.djvu/53

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Avec d’autres aveux s’échappent de leur lèvre,
Il leur tarde d’ouïr les pas de leurs bourreaux.
Tels les premiers chrétiens, derrière leurs barreaux,
Aspiraient au moment d’être livrés aux bêtes…




Quand le soleil se lève, auréolant leurs têtes,
Détachés de la terre, abandonnés à Dieu
Qui leur ouvre ses bras miséricordieux,
On les mène à la messe unir leur sacrifice.
Il eût fallu les voir prosternés à l’office.
Ces hommes que l’effroi ne défigurait plus,
Déjà marqués au front du signe des élus !
La paix de l’Au delà tout entiers les pénètre
Lorsque, incliné sur eux, leur complice, le prêtre
Qui tantôt, dans leurs rangs, partagera leur fin,
Leur offre en viatique et le Pain et le Vin !…




Les rites accomplis, mais à l’autel encore,
Debout, transfiguré, le célébrant implore !
Sa supplication, s’exaltant par degré,
S’achève triomphale en un hymne sacré :
« Seigneur, daigne oublier les erreurs de jeunesse
« Qu’en leur nom, comme au mien, humblement je confesse
« Par un insigne honneur Tu nous as fait savoir
« Le jour et la minute où nous allons avoir
« À paraître devant Ta Justice éternelle,
« Prisonniers libérés des attaches charnelles ;



51