Page:Brown - Pages intimes 1914-1918.djvu/64

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.


Pénètre plus avant dans le sombre dédale,
De ton pas inquiet fais résonner la dalle,
Réveille les échos endormis des couloirs,
Promène ton regard par degrés jusqu’au dôme
Et ne frissonne pas si dans l’ombre un fantôme
T’apparaissait drapé de noir.

Tends l’oreille : les murs sont muets où naguère,
Secourable, impavide et sourde aux bruits de guerre,
La Sagesse trônait jugeant au nom du Roi ;
Sur les lambris, parmi le vide et le silence,
Les Faisceaux du licteur, le Glaive et la Balance
Restent seuls à parler du Droit.

Relégués aux rayons, plongés en léthargie,
La bible et le missel de notre liturgie,
Les livres de la Loi, les gloses des Docteurs !
Décrochés, emportés, toges, rabats et toques !
Aux Pas-Perdus plus de musards, plus de colloques,
À la barre plus de plaideurs !


Le Palais est désert. Comme un vent de furie
Le maître a balayé ce restant de patrie ;
Un aveugle décret, tel un arrêt de mort,
Sur son dernier rempart a frappé la Justice
Pour avoir élevé sa voix accusatrice,
Insoucieuse de son sort !



62