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Page:Brown - Pages intimes 1914-1918.djvu/92

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Est-ce un rêve ? Il me semble, à ce cri solennel,
Les voir, se soulevant de leurs couches profondes,
Ceux qui dormaient là-bas du sommeil éternel,
Aller grossir les rangs des guerriers des deux Mondes.

Je les vois, au signal, voler comme le vent,
Les légions que retenait jadis Bazame,
Et, spectres, galoper en croupe des vivants
Sur qui je sens passer leur flamme et leur haleine.

Hurrah ! par les hauteurs, la plaine et les ravins
C’est une chevauchée épique, irrésistible,
Entre le Dieu des Francs et le Gott des Germains
Un duel d’où le Droit va sortir invincible.

Dans votre fol orgueil, vous aurez beau, Teutons,
Comme on étale une escarboucle à la vitrine,
Porter sur l’estomac Celui que nous portons,
Nous, invisiblement, au fond de la poitrine,

Le vrai Dieu saura bien reconnaître les siens,
Entre bons et méchants faire un juste triage,
Distinguer les Français d’avec les Pharisiens
Et rétablir chacun dans sa part d’héritage !

21 septembre 1918.