Page:Bruant - Sur la route, 7e mille.djvu/106

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Le conseil eut un haut-le-corps.
« Un bain !… clama l’un ; pourquoi faire ?
— Mais… pour en prendre, dit le maire.
— Vraiment ? fit l’adjoint ; mais, alors,
Dans notre étang de galetade
On pourrait en prendre l’été.
— On en prend quand on est malade
Dit à son tour Mosieu Robain ;
Moi, je comprends l’utilité

D’un bain.

— On en prend aussi quand on veut,
Dit, en hésitant, maître Pierre.
J’en ai pris un pendant la guerre
Dans le pays de mon neveu…
Un pays grand comme le nôtre
Où je fis assez long séjour…
J’en prendrais volontiers un autre.
— C’est mon cas, dit Mosieu Robain,
On peut donc, je crois, voter pour

Un bain. »

Les conseillers, incompétents,
Songeaient… Lors, prenant la parole,
Le sieur Henri de Fourcherolle
Leur dit : « J’ai soixante et sept ans,
Bon pied, bon œil et je me porte
Comme un chêne… Or, je suis surpris
D’entendre parler de la sorte,
Car, n’en déplaise à Jean Robain,
Moi, Messieurs, je n’ai jamais pris

Un bain. »