Page:Bruant - Sur la route, 7e mille.djvu/206

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Alors, heureux de se sentir
Caressé par la chaude haleine,
Le bambin oubliait sa peine,
Il sommeillait, l’enfant martyr ;
Il reposait sa tête blonde
Près de celle du bon ami,
Du chien, plus humain que le monde,
Qui veillait sur l’ange endormi,
Qui léchait la petite main
Et, cautérisant la brûlure,
Cherchait à panser la blessure
Que l’homme ouvrait le lendemain.
Aussi l’âme du petit être,
En s’envolant on ne sait où,
Murmurait : « À bientôt, peut-être ;
Bonsoir, Toutou, mon bon Toutou ! »

Comme je t’aime, brave ami,
Brave Toutou fidèle. Et comme
On doit te préférer à l’homme,
Au traître, au fourbe, à l’ennemi
Qui t’empoisonne à la fourrière,
Ou qui te met la pierre au cou
Pour te jeter à la rivière…
Pauvre Toutou… mon bon Toutou !

Décembre, 1896.