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ou en aluminium et de pirogues indigènes. Les pirogues en aluminium ne sont pas assez résistantes et crèvent facilement dès qu’elles heurtent une roche. Les pirogues indigènes sont toujours creusées dans un seul tronc d’arbre et ont parfois des dimensions respectables. L’une d’entre elles, Bongounda, a 22 mètres de long, 0m,90 de large et 0m,45 de profondeur à l’intérieur. Elle a 0m,07 d’épaisseur. On peut y mettre deux tonnes et demi de marchandises et trente pagayeurs. La majorité des pirogues que l’on emploie dans les convois portent environ une tonne, elles sont armées par quinze pagayeurs et n’ont que 15 à 18 mètres de long. Les pirogues Banziris et Bourakas sont à fond plat ; leur section transversale a la forme d’un trapèze, tandis que les pirogues Sangos et Yakomas sont demi-circulaires. On marche à la pagaie et au tombo. La pagaie est courte, un mètre environ, ce qui fait que les pagayeurs s’assoient à l’arrière de la pirogue, sur le bordage. Un tam-tam accompagne les chants et donne la cadence. À l’avant de la pirogue, deux ou quatre hommes se tiennent armés des tombos, grandes perches de 5 à 6 mètres qu’ils manient avec une dextérité remarquable. Ils trouvent moyen de courir dans la pirogue, large à peine de 0m,50, se croisant sans jamais se heurter. À la montée, on longe les berges pour avoir moins de courant et pour pouvoir atteindre le fond avec les tombos.

Un convoi se compose en général de quinze à quarante pirogues. Lors du passage de la mission Marchand, on en a même réuni jusqu’à soixante-dix, qu’armaient neuf cents pagayeurs.

Chaque village doit fournir un certain nombre de pagayeurs que l’on recrute suivant un roulement établi. Chaque homme touche la ration en nature ou une cuillerée à café de perles par jour. On lui paie en outre sa journée le même prix. On emploie un mélange d’un tiers de perles rouges et deux tiers de blanches.

En pays Bouraka, Sango et Yakoma, une barrette de cuivre rouge de 0m,70 de long, 3 millimètres d’épaisseur, pesant 60 grammes, équivaut à cinq cuillerées de perles. Le cuivre, qui est l’or de l’Oubangui, sert à faire des ornements, bracelets, perles forgées, fils qui entourent les manches des sagayes ou des couteaux.

Les villages situés entre Ouadda et Mobaye montent les charges de Bangui jusqu’à Mobaye, et les villages entre Mobaye et Ouango-M’Bomou font les transports entre ces deux points. Un convoi met en temps ordinaire onze jours de Bangui à Mobaye et cinq de Mobaye à Ouango. On fait en moyenne de 35 à 40 kilomètres par jour en marchant dix heures. Les pirogues de courrier montent de Bangui à Mobaye en six jours aux basses eaux.

Une rivière dont le cours inférieur est mal connu, le Kouango, est peut-être une voie d’accès vers le Dar Rongna. La Kotto, qui est coupée à 50 kilomètres de son embouchure par toute une série