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n’y a pas de grands rapides. Les seuls seuils à signaler sont ceux de Mongondé, de Zanga, de Bembé, de Makan, de Konimba, et on les franchit facilement en pirogue. Aux hautes eaux, ils n’embarrassent nullement la navigation à vapeur.


paiement des pagayeurs avec des perles.

Comme tous les autres peuples de la rivière, les Banziri sont exclusivement pêcheurs et commerçants. Ils sont fort habiles à construire des nasses et à pêcher avec des filets, assez semblables à nos seines. Ils fument le poisson et le vendent aux populations de l’intérieur en échange de manioc, de bananes, de maïs, d’arachides, de patates, d’ignames, de poules, d’œufs et de chèvres. Celles-ci font l’objet d’un commerce relativement important ; ils les revendent aux populations d’amont et souvent même aux Yakoma, c’est-à-dire aux habitants du confluent de l’Ouellé et du Mbomou, qui sont à 300 kilomètres en amont de leurs villages. En effet, en pays Yakoma, les chèvres valent environ trois fois plus cher qu’en pays Banziri et se payent en kindja. C’est une sorte de houe qui sert de monnaie. Elle est en fer plat de un à deux millimètres d’épaisseur, et longue de 30 centimètres sur 15 de large. Les Yakoma les fabriquent avec le fer qu’ils extraient eux-mêmes du sol. La kindja augmente de valeur à mesure que l’on descend le fleuve, ce qui fait que les Banziri tirent double profit de leur voyage. Les kindja sont faites avec un fer doux excellent qui se travaille facilement et avec lequel on fait des armes superbes. Naturellement c’est au pays de production du fer que l’on trouve les plus belles sagaies, les plus