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februarii, anno XV regnante domno nostro Rodulfo rege. Mercredi 15 des calendes de février ou 18 janvier répond à A, qui est la lettre domin. de 926. Or, pour que le mois de janvier 926 soit dans la 15e année, il faut que la première commence en 911. Il y a donc deux manières de compter les années de Rodolphe[1].

Rodolphe II fut proclamé roi d’Italie en 921, mais il perdit ce titre au bout de peu d’années par l’élection, en 926, de Hugues, roi de Provence, dont nous avons parlé ci-dessus. En 933[2], Hugues transigea avec Rodolphe II, qui lui abandonna ses droits sur l’Italie, en échange de ceux que Hugues possédait sur la Bourgogne cisjurane ou provençale[3]. C’est ce qui donna naissance au royaume dit d’Arles. Nous avons une charte qui semble faire allusion à ce traité ; comme la date précise en est inconnue et qu’il peut aussi bien avoir été conclu vers la fin de l’année 933, nous avons fait partir les années de Rodolphe, roi du Viennois, du 1er janvier 934.

No 437. (B. N. cop. 15-111.) Die marcis, in mense madio, anno secundo regnante Radulfo rege Viennense. 935, mai. Ce titre de Rodolphe, roi de Vienne, semble ne pouvoir s’appliquer qu’à Rodolphe II, et c’est à tort que l’Art de vérifier les dates fait figurer Raoul de France à la date d’une donation dans le Viennois à cette époque[4].

  1. Nous n’ignorons pas que la date de 912 pour la mort de Rodolphe Ier est contestée par M. Th. Dufour, dans sa remarquable Étude sur la diplomatique royale de Bourgogne jurane (888-1032), publiée en 1873 dans la brochure intitulée Positions des thèses de l’École des chartes. En admettant que son système fût absolument vrai, ce qu’il nous est difficile de décider, ne connaissant que le sommaire de son travail, il lui resterait à expliquer comment notre charte est datée incontestablement de 912 et non de 911.
  2. Suivant la 3e édition de l’Art de vérifier les dates, et non pas en 930, comme le disait la 1re édition de ce savant ouvrage.
  3. Cf. de Gingins. Hugonides, dans Archiv für schweizerische Geschichte, t. IX, p. 166-167.
  4. Il est bien vrai qu’en 930, Charles Constantin, pour se maintenir dans la ville de Vienne, prêta serment de fidélité à Raoul de France, comme le rapporte Frodoard. (Chron. ad ann. 931.) Raoul, d’après le même chroniqueur, aurait occupé la ville de Vienne en 933 ou 934. Mais l’Art de vérifier les dates ne fait point mention d’une tentative de rapprochement entre les deux rois de France et de Bourgogne, que fit le roi Henri de Germanie. Les deux rois eurent une entrevue en 935, et il n’est pas trop téméraire de penser qu’ils firent alors une délimitation de leurs états respectifs. Quoi qu’il en soit, ce qui