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2 DISCOURS

à leur érudition, comme si ces deux choses étoient rarement alliées, le tour qu’on a donné au Théâtre François, & le haut degré de perfection où on l’a porté dans son genre, ont fait juger insensiblement qu’il étoit inutile de recourir à celui des Anciens: car il n’en est pas des Spectacles & des ouvrages de goût, comme du reste des choses faites pour le plaisir, dont tout ce qui sent l’antique ou l’étranger nous charme, au préjudice de ce que nous avons. L’idée avantageuse du présent, dont on jouit, & qui peint nos mœurs, a fait négliger la connoissance du passé, qui coûte trop & qui intéresse moins. On ne soupçonne pas même qu’il puisse y avoir rien de beau, en comparaison de Corneille & de Racine.

Il n’en a pas été ainsi de la Morale, de l'Eloquence, de l’Histoire & de la Poësie. Les Anciens qui nous en ont laissé des modèles, ont picqué beaucoup plus la curiosité des François. Xénophon, César, Tite-Live & Tacite en fait d’Histoire ; Démosthénes & Cicéron pour l’Eloquence ; Homère quoiqu’attaqué, Virgile & Ho-