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MUSIQUES D’HIER ET DE DEMAIN

d’énumérer. Les adaptateurs, MM. Giaccosa et Illica, n’ont tiré de la pièce de Barrière et du livre de Murger que leurs personnages, leurs éléments essentiels, rejetant tout ce qui aurait pu retarder l’action, resserrant cette action en quatre actes ou plutôt quatre tableaux de surprenante brièveté. C’est, dans la gaie mansarde de misère, l’inattendue bombance grâce à laquelle Marcel, Rodolphe, Colline et Schaunard se réjouissent en se moquant du propriétaire ; c’est, sur le palier, la rencontre du poète et de Mimi ; c’est, la porte refermée et les camarades renvoyés, l’échange des premiers mots d’amour. Puis, au quartier Latin, c’est, le soir, dans la rue illuminée, le réveillon bruyant : appels de marchands, rires d’étudiants et d’étudiantes, cris de gamins et de gamines ; c’est Musette qui, traînant après elle son vieux monsieur, retrouvant les bohèmes, reprend le peintre et mêle sa jeune voix aux fanfares cuivrées, aux roulements de tambours de la retraite militaire. Puis, à la barrière de Paris, dans le matinal brouillard d’hiver, c’est le passage des balayeurs, des laitiers entrant en la ville qui s’éveille aux sons du carillon ; c’est la double séparation de Mimi et de Rodolphe, de Musette et de Marcel, l’une réellement douloureuse, l’autre simplement tumultueuse. Enfin, c’est, dans la chambrette, le retour des deux