Page:Bruneau - Musiques d’hier et de demain, 1900.djvu/21

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
11
LA VALKYRIE

celant, brisé de fatigue. Après avoir fait quelques pas dans l’intérieur de l’habitation, il tombe devant le foyer, évanoui.

Une femme s’empresse à le secourir. Elle le désaltère, et tandis qu’il boit à longs traits l’eau bienfaisante, leurs yeux s’unissent en ce regard si profond qui, pour toujours, lie les âmes. Rien ne peut rendre la fraîcheur délicieuse, la tendresse exquise et la grandiose mélancolie de cette scène où le thème d’amour de Siegmund et de Sieglinde, émergeant des violoncelles et se mélangeant au motif des descendants de Wotan, se développe avec une incomparable poésie.

Mais une brève fanfare de chasse a retenti ; elle annonce Hunding, et le maître du logis paraît en effet. Il ne tarde pas à remarquer la ressemblance des deux êtres qui sont devant lui. Pressé de questions, Siegmund dit ses malheurs, sa mère morte, son père disparu, sa sœur jumelle enlevée, sa vie désespérée. Hunding, qui retrouve enfin l’ennemi tant cherché, le provoque aussitôt pour le lendemain, et il emmène Sieglinde pendant que le thème de l’Épée commence à se faire entendre à l’orchestre.

Où donc est le glaive promis pour l’heure du danger ? Sieglinde, échappée sans bruit de sa chambre, va le révéler. Le jour de ses noces brutales avec Hunding, un homme étrange est