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CENDRILLON

se démentent qu’à de rares intervalles, certaines scènes ont une netteté de forme, une unité de facture que M. Massenet n’avait, je crois bien, jamais obtenues. C’est dans le rapide développement des thèmes — seul, ou à peu près, celui de Mme  de La Haltière, un des mieux venus et qui sert de frontispice à la partition, reparaît à diverses reprises — dans le choix des harmonies qui les accompagnent, dans leur ingénieuse et savoureuse instrumentation, dans l’écriture, comme on dit, que se manifeste, à un degré inimaginable, la virtuosité de l’auteur. Cette virtuosité à laquelle se mêle encore, heureusement, la grâce irrésistible de jadis, virtuosité tantôt délicate, tantôt violente, souvent dangereuse, à coup sûr ennemie de l’inspiration, affecte presque sans cesse un caractère essentiellement et pareillement décoratif, changeant vite la jolie mélancolie de Cendrillon (le moment du rêve, au premier acte, est exquis) en une gaieté dansante qui s’autorise du printemps nouveau pour ébaucher un motif de valse, privant d’individualité les personnages. Et peut-être suffit-elle, en somme, à une œuvre où la décoration, cause déterminante de son succès, tient la première place.

Admirons donc surtout les jeux de lumière, le mariage des étoffes, la disposition des