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MUSIQUES D’HIER ET DE DEMAIN

pète, le rideau s’étant levé, Iphigénie nous apparaît, implorant les dieux dans le bois sacré. De loin, les vierges, ses compagnes, lui répondent. Et la paix renaît après que l’extraordinaire symphonie orageuse a « posé » le drame, en l’union complète des instruments et des voix. Un rêve affreux a montré à Iphigénie son père sanglant, égorgé par sa mère ; son frère Oreste tombé sous le couteau que la déesse lui met à la main chaque fois qu’un étranger paraît en Tauride. Le récit de ce rêve est d’une ampleur, d’une vigueur et aussi d’une véhémence prodigieuses. L’invocation à Diane, qui le suit, a la pureté de lignes, la noblesse, l’harmonie des plus beaux marbres antiques. Thoas, le tyran, pour préserver sa vie menacée par les oracles, exige la continuation des meurtres coutumiers et les Scythes, dans un chœur d’étonnante rudesse barbare que rythment sauvagement les cymbales et les tambourins, réclament des victimes. C’est en la joie à la fois religieuse et féroce des danses qu’Oreste et Pylade sont amenés.

Le second acte est d’une splendeur inimaginable. Gluck y a indiqué le caractère des deux amis en traita frappants de vérité et de différence. Dans le temple, Oreste clame son désespoir, s’accuse, se maudit, et Pylade, évoquant l’affectueuse enfance, chante la douceur de la mort qui