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Page:Bruneau - Musiques d’hier et de demain, 1900.djvu/281

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BERLIOZ ET « LES TROYENS »

devrait supprimer cette symphonie », et celle-là, relative au duo des Soldats : « J’indique cette coupure en songeant au bonheur qu’éprouvent les directeurs, acteurs et chefs d’orchestre, pompiers, machinistes et lampistes à insulter un auteur et à dégrader son œuvre ; je serais fâché de ne pas faciliter autant qu’il est en moi la satisfaction d’aussi nobles instincts. » Ceci fait, voilà qu’à soixante ans passés, plein du découragement et du chagrin qu’il pressentait dans sa lettre à l’Empereur, il voulut revoir le petit hameau du Daupliiné où, à douze ans, il avait aimé une enfant de son âge. La maison qu’elle habitait a de nouveaux propriétaires. Il leur demande de la visiter et, devant les menus objets restés en place, il sanglote affreusement… Il sait que l’enfant s’est mariée, qu’elle va être grand’-mère ; il se met à sa recherche, la trouve à Lyon et lui écrit, la suppliant de le recevoir. Dieu ! qu’elle est changée ! ses cheveux sont blancs, il l’aime toujours !…

— Nous sommes de bien vieilles connaissances, monsieur Berlioz… Vous avez eu une vie bien agitée ; j’ai lu votre biographie, monsieur Berlioz… Ma vie à moi a été bien simple et bien triste : j’ai perdu mon mari et j’ai rempli de mon mieux mon rôle de mère de famille… Je suis bien touchée et bien reconnaissante,