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MUSIQUES D’HIER ET DE DEMAIN

refusant de s’inféoder à aucune école, n’étant l’élève de personne, ayant acquis par l’étude patiente et la fréquentation des maîtres le métier dont il s’était fait une arme propre, il laissait se développer en pleine liberté un admirable tempérament d’artiste.

Dans Gwendoline, les qualités les plus diverses et les plus sérieuses nous apparaissent. L’esprit — et il y en a beaucoup dans le rôle principal — s’affine notablement, tandis que l’outrance orchestrale atteint parfois à une sorte de grandeur farouche. Enfin une poésie adorable, une tendresse infinie émanent des personnages vaguement symboliques que M. Catulle Mendès se plut à nous montrer en un poème de forme naturellement impeccable, aux vers riches et musicaux.

Après l’ouverture, longuement violente et stridente, d’une véhémence sauvage, où les thèmes essentiels de l’œuvre sont exposés très symphoniquement et se mélangent pour aboutir enfin à une conclusion de sonorité terrible, où chante dans l’éclat de soleil des trombones le motif de l’Apparition de la Valkyrie, c’est le réveil tranquille d’une ferme saxonne. Aux fenêtres des habitations, dans les sentiers, des filles et des hommes s’appellent et se répondent, et le contraste est délicieux avec la brutalité