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Page:Bruneau - Musiques d’hier et de demain, 1900.djvu/44

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MUSIQUES D’HIER ET DE DEMAIN

s’élève de l’orchestre. Exposée en la sonorité expressive des violoncelles et des cors, elle se développe splendidement pour s’unir, triomphale, au thème de Gwendoline, transformé et comme magnifié par ce superbe mariage instrumental.

D’une voix de tonnerre Harald a chassé tout le monde, et le voilà seul avec Gwendoline. La scène est d’une psychologie musicale infiniment curieuse, et elle est menée de main de maître par le compositeur. D’abord farouche et brutal, l’Homme ne tarde pas à s’apprivoiser. Il veut savoir le nom de la mystérieuse créature qui est là, devant lui. Elle le lui dit aussitôt, et ce nom, il le chante en une phrase exquise, légère et fluide qui, sur les arpèges des violons, s’évapore comme l’écume impalpable du flot. Le sien est rudement sonore ; en un tumulte de tempête il le clame, puis, avec une grande solennité, il raconte qu’un jour, dans le fracas hurlant de la bataille, alors que pour lui l’heure était venue peut-être de prendre son essor vers le Walhalla, il vit apparaître, ainsi qu’en un rayonnement de soleil, la Valkyrie au casque d’or. — Et le thème splendide que l’ouverture nous avait fait connaître prend ici une signification toute particulière. — Non moins belle et non moins fièreest Gwendoline, mais plus douce