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GWENDOLINE

tables renversées. Harald a bondi pour courir au secours de ses amis. Il cherche en vain une arme, et Gwenddline, affolée, lui met à la main le couteau qu’elle a reçu d’Armel. Après avoir éperdûment embrassé sa femme, il se rue au dehors, enfonçant la porte.

Maintenant, en un site farouche, près de la mer, sur une furieuse symphonie orchestrale, les Danois fuient dans l’ombre, poursuivis par les Saxons, porteurs de torches. Harald est blessé : tenant tête à Armel et à ses serviteurs qui le frappent sans relâche, il s’appuie à un tronc d’arbre, les défiant encore. Mais Gwendoline s’est précipitée et, lui arrachant le couteau, elle se frappe et meurt avec lui au milieu des flammes apothéotiques du rouge incendie qui s’allume. Et fiers, en ce rayonnement de soleil, annonciateur du Walhalla futur, les époux chantent une dernière fois le thème extatique de la Valkyrie, divine prometteuse des suprêmes paradis.

Dans ce vaillant et noble ouvrage, les influences wagnériennes sont-elles donc aussi prépondérantes qu’on le prétend ? Je ne le crois pas. Malgré le flamboiement final et l’évocation de Wotan, souvenirs de légendes facilement reconnaissables, malgré l’antériorité du Vaisseau Fantôme, nous retrouvons dans le poème