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Page:Bruneau - Musiques d’hier et de demain, 1900.djvu/60

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MUSIQUES D’HIER ET DE DEMAIN

une fantaisie extrême l’œuvre shakespearienne, en suit l’action sans jamais quêter l’applaudissement par la recherche de l’effet ou l’adjonction d’un morceau de complaisance : elle est, d’un bout à l’autre, honnête, sincère et loyale, elle brise les vieux moules, sonne la bonne fanfare joyeuse des libertés conquises. Affirmant l’éclosion de l’art italien nouveau, elle nous est un exemple à créer en notre pays un art nouveau, indépendant et fier, bien français, bien robuste et bien sain. Sa victoire n’est autre chose, en somme, que le triomphe de nos croyances les plus chères ; c’est pourquoi nous l’applaudis sons de cœur, heureux d’avoir maintenant dans nos rangs de combat l’homme à l’âme brave, haute et forte qu’est M. Verdi.

Mais de la forme du poème dépend la forme de la partition. Il serait donc souverainement injuste de ne pas complimenter M. Arrigo Boïto du souci de modernité qui l’a guidé dans son travail de mise au point de la pièce initiale, les Joyeuses Commères de Windsor, dont le libretto de Falstaff, à l’exception du monologue de l’honneur, tiré de Henri IV, s’inspire directement. Ce libretto ne nous montre, d’ailleurs, qu’une des faces du ruffian — la plus grandiose figure, après Hamlet, qu’un cerveau humain ait pu concevoir — n’en résume pas, par conséquent,