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MUSIQUES D’HIER ET DE DEMAIN

des auteurs de confier à Mademoiselle Galvé, un rôle dans leur ouvrage, c’est l’amoureuse qui, ici, prend sur l’amoureux l’absolue prépondérance. Ce que, dans le roman, Araquil fait avec plus ou moins d’héroïsme ou de scélératesse, Anita la Navarraise l’exécute à sa place dans l’opéra et, cela — est-il besoin de le dire ? — au grand contentement du public, ravi de témoigner à la belle artiste, hélas ! trop peu sédentaire, son plaisir de la réentendre un instant.

C’est donc Anita, vague Carmen par ses allures de libre fille aventureuse, vague Judith aussi par le crime qu’elle va commettre, qui propose au général Garrido, commandant l’armée libérale, de le débarrasser du chef carliste, le fameux Zuccarraga, invincible en sa forteresse de Bilbao. Anita aime Araquil, sergent sous les ordres de ce même général Garrido et héritier certain des fermes familiales. Par dérision, le père du soldat a dit aux jeunes gens qui se veulent épouser : « Que la pauvresse apporte une dot de deux mille douros, et je consens au mariage. » Deux mille douros, c’est juste la somme qu’offre Garrido à qui mettra hors de combat Zuccarraga, le révolté triomphant. Et lorsque Anita revient du camp carliste, le glas des morts, qui, de la ville se répercute de vallée en vallée, atteste le meurtre. Mais Araquil,