Page:Brunet - Evangiles Apocryphes, 1863.djvu/184

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d’enfants, et pourquoi m’avez-vous ôté mon mari ? j’ignore s’il est mort, et je ne sais comment faire pour lui donner la sépulture. » Et pleurant amèrement, elle se retira dans l’intérieur de sa maison, et se prosterna pour prier, adressant ses supplications au Seigneur. Et se levant ensuite, élevant les yeux à Dieu, elle vit un nid de passereaux sur une branche de laurier, et elle éleva la voix vers Dieu en gémissant, et elle dit : « Seigneur Dieu tout-puissant, toi qui as donné de la postérité à toutes les créatures, aux bêtes, et aux serpents, et aux poissons, et aux oiseaux, et qui fais qu’elles se réjouissent de leurs petits, je te rends grâces, puisque tu as ordonné que moi seule je fusse exclue des faveurs de ta bonté ; car tu connais, Seigneur, le secret de mon cœur, et j’avais fait vœu, dès le commencement de mon voyage, que si tu m’avais donné un fils ou une fille, je te l’aurais consacré dans ton saint temple. » Et quand elle eut dit cela, soudain l’ange du Seigneur apparut devant sa face, lui disant : « Ne crains point, Anne, car ton rejeton est dans le conseil de Dieu, et ce qui naîtra de toi sera en admiration à tous les siècles, jusqu’à leur consommation. » Et lorsqu’il eut dit cela, il disparut de devant ses yeux. Elle, tremblante et épouvantée de ce qu’elle avait vu une pareille vision, et de ce qu’elle avait entendu un semblable discours, entra dans sa chambre, et se jeta sur son lit comme morte, et durant tout le jour et toute la nuit, elle demeura en prières et dans une grande frayeur. Ensuite elle appela à elle sa servante, et lui dit : « Tu m’as vue frappée de viduité et placée dans la douleur, et tu n’as pas