Page:Brunet - Evangiles Apocryphes, 1863.djvu/74

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sant, et ce palais était proche de l’hôtellerie. Ils s’y rendirent, et la jeune fille s’étant ensuite approchée de l’épouse du prince, la trouva triste et versant des larmes et elle lui demanda la cause de sa douleur. Et celle-ci lui répondit : « Ne t’étonne pas de me voir livrée à l’affliction ; je suis en proie à une grande calamité que je n’ose raconter à aucun homme. » La jeune fille lui repartit : « Si tu me dis quel est ton mal, tu en trouveras peut-être le remède auprès de moi. » La femme du prince lui dit : « Tu ne révéleras ce secret à personne. J’ai épousé un prince dont la domination, pareille à celle d’un roi, s’étend sur de vastes états, et, après avoir longtemps vécu avec lui, il n’a eu de moi nulle postérité. Enfin j’ai conçu, mais j’ai mis au monde un enfant lépreux ; l’ayant vu, il ne l’a pas reconnu comme étant à lui, et il m’a dit : « Fais mourir cet enfant ou donne-le à une nourrice qui l’élève dans un endroit si éloigné que jamais l’on n’en entende parler. Et, reprends ce qui est à toi, car je ne te reverrai jamais. » C’est pourquoi je me livre à la douleur en déplorant la calamité qui m’a frappée et je pleure sur mon mari et sur mon enfant. » La jeune fille lui répondit : « Ne t’ai-je pas dit que j’ai trouvé pour toi un remède que je te promets ? Moi aussi j’ai été atteinte de la lèpre, mais j’ai été guérie par une faveur de Dieu, qui est Jésus le fils de Marie. » La femme lui demandant alors où était ce Dieu dont elle parlait, la jeune fille répondit : « Il est dans cette même maison où nous sommes ? » — « Et comment cela peut-il se faire, où est-il ? » repartit la princesse. — La jeune fille répliqua : « Voici Joseph et Marie,