Page:Brunet - Evangiles Apocryphes, 1863.djvu/76

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d’une autre ville, ils virent trois femmes qui quittaient un tombeau en versant beaucoup de pleurs. Marie les ayant aperçues dit à la jeune fille qui les accompagnait : « Demande-leur qui elles sont et quel est le malheur qui leur est arrivé. » Elles ne firent point de réponse à la question que la jeune fille leur fit, mais elles se mirent à l’interroger de leur côté, disant : « Qui êtes-vous, et où allez-vous ? car déjà le jour est tombé et la nuit s’avance. » La jeune fille répondit : « Nous sommes des voyageurs et nous cherchons une hôtellerie afin d’y passer la nuit. » Elles repartirent : « Accompagnez-nous et passez la nuit chez nous. » Ils suivirent donc ces femmes, et ils furent introduits dans une maison nouvelle, ornée et garnie de différents meubles. Or, c’était dans la saison de l’hiver, et la jeune fille étant entrée dans la chambre de ces femmes, les trouva encore qui pleuraient et qui se lamentaient. À côté d’elles était un mulet, couvert d’une housse de soie, devant lequel était placé du fourrage, et elles lui donnaient à manger et elles l’embrassaient. La jeune fille dit alors : « Ô ma maîtresse, que ce mulet est beau, » et elles répondirent en pleurant : « Ce mulet que tu vois est notre frère, il est né de la même mère que nous. Notre père nous laissa à sa mort de grandes richesses et nous n’avions que ce seul frère et nous cherchions à lui procurer un mariage convenable. Mais des femmes enflammées de l’esprit de la jalousie ont jeté sur lui, à notre insu, des enchantements, et une certaine nuit, un peu avant le point du jour, les portes de notre maison étant fermées, nous avons vu que notre frère avait été changé en mulet et