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D’ARMANDINE

[J’ai mis la main sur cette correspondance, et, au risque de troubler les mânes d’Armandine, je la publierai un jour à votre grande joie.]

Vous le pressentez, Ferdinand était aussi un homme de maison. Depuis deux ans que son père était mort, il n’était sorti qu’une fois, le soir : une séance à l’école paroissiale. Il avait été fatigué deux jours. Cependant, il assistait à tous les exercices de la retraite, du mois de Marie, du mois du Sacré-Cœur, du mois du Rosaire, de la congrégation des hommes ; on n’appelle pas ça sortir.

En outre, par désennui, Ferdinand formait une collection, celle des illustrés de la Presse, depuis les premiers numéros. Un cousin lui fit cadeau de ces premiers numéros et il la continuait. C’est à peine s’il en manquait cinq, six… Des jours, parce qu’une pareille collection, c’est précieux, il pensait à l’assurer.

Voilà qu’il avait bu. Ce n’était peut-être pas péché, ce n’était peut-être qu’une imperfection, c’était dans un bon but, et, de l’héritage il aurait distrait maintes grand’messes, et, du reste, il était sans obligations. Crainte des cotisations et des quêtes, il n’était pas même affilié à la Société de tempérance. Cependant, voilà