Page:Brunet - Le mariage blanc d'Armandine, contes, 1943.djvu/148

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Arthur s’attardait souvent à causer avec cette fille rieuse, et Patsy plaisantait volontiers avec lui :

— Si vous étiez Irlandais, monsieur Pesant, je vous demanderais en mariage. Un homme qui est dans la boisson, pas de danger qu’il y touche. Il a peur de s’empoisonner. Un homme dans la boisson, c’est safe. Si vous étiez pas si regardant !

Son accent qui mangeait les mots le réjouissait, et il disait :

— Pour te prouver que je ne suis pas regardant, je vais te donner une belle orange que tu mangeras en pensant à moi.

Il s’attardait à choisir le fruit, et celui qu’il donnait n’était pas trop vilain.

— Quand vous vous déciderez à m’en donner une douzaine, je vous embrasserai, monsieur Pesant.

Il faut croire qu’un jour il se décida et que Patsy eut sa douzaine d’oranges, puisqu’un soir de congé, on les rencontra tous deux au parc Sohmer.

C’était un bel homme que Arthur Pesant, l’homme qui ressemblait le moins à son vice. Des yeux câlins, une bouche souriante, des