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Page:Brunet - Le mariage blanc d'Armandine, contes, 1943.djvu/35

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Les rêves sont notre poésie quotidienne. Les prosaïques nourrissent des rêves prosaïques : ils sont poésie quand même. Comme on les paie ces rêves, pourtant, et les plus simples ! La réalité a l’esprit de contradiction, et il suffit que nous imaginions une chose pour qu’elle nous détrompe tout de suite. Sans nous lasser, nous continuons. L’homme a la tête poétique.

Madame Royer à coup sûr n’avait pas le temps de se perdre dans les rêves. Elle n’en faisait pas moins de Frédéric un roman, auquel, chaque jour, elle ajoutait un chapitre. Le roman démarra faiblement en ses commencements. Madame Royer venait de perdre son mari, qui, au surplus, ne gagnait guère. La semaine précédente, il avait pu toucher la