Page:Brunet - Le mariage blanc d'Armandine, contes, 1943.djvu/37

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J’ai dit que madame Royer était garde-malade, et j’ai souligné le mot. En fait ses fonctions n’étaient pas définies : à la fois, intendante, lectrice et dame de compagnie, elle faisait un peu de tout, et sa besogne consistait surtout à ficeler les innombrables colis que madame Laurendeau adressait à ses pauvres. Cette dernière, à demi aveugle et riche comme Crésus, ainsi que l’on disait, ne vivait plus que pour la charité, et, justement, elle n’avait engagé madame Royer que pour la secourir. Lorsque l’autre lui dit qu’elle aimerait mieux commencer sa journée de bonne heure pour retourner plus tôt chez elle, elle avait répliqué malicieusement :

— Vous voulez voir votre Frédéric ? Eh bien ! venez, je suis heureuse de vous rendre ce service. Vous déjeunerez avec monsieur l’abbé et votre fils. Vous m’excuserez si je me retire, je me couche toujours un peu après la messe. Je ne suis plus jeune.

Madame Royer suivit ainsi Frédéric jusqu’à sa rhétorique. Elle était fière de lui. C’était un premier de classe, qui ne lui faisait que de l’honneur. Elle n’aurait pu dire la même chose de son autre garçon, qui ne lui causait que des