Page:Brunet - Le mariage blanc d'Armandine, contes, 1943.djvu/70

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de la police et des annonces que, malgré sa honte, il fit insérer dans son journal, voire dans un journal concurrent, ce qui blessa sa fierté professionnelle, il ne sut ce qu’était devenu son Paul. Le temps qu’il ne faisait pas de démarches, il le passa en prières et, ce qu’il ne s’était point permis à la mort de sa femme, il demanda et obtint un congé de dix jours.

Paul revint, ramené par la police. Il avait cherché à s’engager « pour les moissons dans l’Ouest » quêtant et bricolant tout le long de la route, de Montréal à Hamilton. Monsieur Lapointe ne dit rien au retour. Il pleurait. Ce qui agaçait Paul plus que tout, Paul rendu rétif à jamais. C’est alors qu’il eut ce mot cruel :

— Vous êtes pas mon père, après tout.

Monsieur Lapointe avala cela avec le reste, mais il en perdit son rire, qui n’était du reste qu’intermittent, depuis des années.


Il allait voir confrère après confrère de classe, et il avait beau invoquer les souvenirs du père Surprenant ou du père Hamilton, « qui était si drôle avec son accent irlandais » il n’obtenait que des réponses évasives. Pendant ce temps, Paul partait au saut du lit, revenait parfois le