Page:Brunet - Le mariage blanc d'Armandine, contes, 1943.djvu/8

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nand, ce nez mince autant qu’il était long, ces yeux qui n’avaient de cesse et qui furetaient. Lorsqu’il parlait, son nez se pinçait encore plus. Qu’il fut crispant ! Ces gestes saccadés, cette hâte constante pour ne rien faire ! Pour faire une gaffe !

Commençons. Vous avez deviné que c’était encore une histoire de boisson et que Ferdinand, lui qui n’en buvait jamais, lui qui ne buvait jamais, ce jour-là, parce qu’il avait bu deux doigts de vin, la demanda en mariage. À coup sûr, Armandine s’y attendait. Prévoyait-elle une demande aussi subite ? Elle prévoyait tout, mais les prophéties d’Armandine ! Quoiqu’il en soit, ils étaient faits pour s’entendre, pour se quereller tout le long d’une existence sans événements. Ce n’est pas qu’ils ne fissent de la moindre chose un événement : ces existences sans événements sont fort remplies, bourrées de ce qu’il ne faut pas mettre.

Je ne me flatte pas d’être observateur, j’ai surtout l’observation de l’escalier, mais cela sautait aux yeux. Ne soyez point surpris que j’aie tout deviné : regardez plutôt en vous l’image de Ferdinand et de son Armandine, c’est assez pour deviner l’histoire. Je la conte.