Page:Brunet - Le mariage blanc d'Armandine, contes, 1943.djvu/88

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appelait Rose : « Rose-de-Lima n’était-il pas non nom exact ? Ces habitants estropient tous les noms ».

— Je n’en ai que pour une heure. Gustave vous aiderez à peler les patates, à éplucher le blé d’inde. Le travail manuel ne déshonore pas.

Il va de soi qu’à la messe, aux vêpres, au salut, Gustave montait au jubé avec sa tante. Elle interrompait parfois sa musique :

— À genoux, Gustave, à genoux ! Vous n’aurez donc jamais de respect !

Elle forçait le garçon, qui ne savait pas lire, à se munir d’un missel, et, souvent s’il ne s’agenouillait pas à temps, c’est qu’il contemplait avec un sourire de bonheur les images, le petit Jésus dans la crèche, l’Immaculée Conception avec Bernadette qui tient un cierge. Il avait beaucoup d’images, et, chaque fois qu’il rencontrait le curé :

— Image ! image !

Cet été-là, il y eut encore un cirque à Montréal. Des affiches multicolores attiraient les curieux, singulièrement sur le mur de Pit Husereau, le marchand général. Les jours que Gustave accompagnait sa tante chez le mar-