Page:Brunet - Le mariage blanc d'Armandine, contes, 1943.djvu/90

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ajoutait aux contes de longues moralités. Quand l’histoire était belle, Gustave, s’écriait :

— Comme ça, un cirque ? Beau ! beau !


Le jour du cirque arriva, et l’omnibus, qui faisait la navette entre le village et le chemin de fer, dut faire deux voyages pour amener les jeunes gens et quelques hommes d’âge qui « étaient tentés d’aller voir ça ». Gustave, qui avait vu passer la première voiture et qui avait deviné, pleurait, enfermé dans sa chambre. Si bien que mademoiselle Baudet avait cru bon d’aller chercher le curé.

— Il faut exorciser (elle avait prononcé le mot avec emphase), il faut exorciser Gustave, monsieur le curé, il faut l’exorciser de ses pensées morbides.

— Et si moi, je l’envoyais au cirque, ce pauvre enfant, avec Delima par exemple, que ça distraira, si je l’envoyais pour le récompenser d’avoir pelé mes patates et épluché mon blé d’inde ? … Ça lui ferait tellement plaisir, ce pauvre enfant !

— Vous n’y pensez pas, monsieur le curé, mon neveu au cirque !

— Il n’y a pas de mal.