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DE PHILIPPE

qu’on vit la voiture de la morgue. On dit qu’il avait pu voir un prêtre. Quoi qu’il en soit, il y eut funérailles religieuses, avec les petites filles du couvent et les élèves des frères.

L’Italienne rousse et ses deux enfants étaient disparus, avec Tom, le chauffeur, la nuit.

Le dentiste paya les créanciers, et ses maîtresses disparurent à leur tour.

C’est alors que Philippe perdit sa maîtresse. Il revenait pourtant à Claire, un poids de moins sur le cœur. Il avait appris la mort du Patron, qui le réjouit, parce qu’il soupçonnait Claire d’aller se vendre à lui, à son cabinet de la ville, et il n’aimait pas non plus que les enfants de Claire fussent intimes avec ces enfants de divorcé : reste de pruderie bourgeoise, dans un faux ménage.

Il y avait deux semaines qu’il était parti, qu’il l’avait laissée endormie un matin. Philippe avait pris dans la cuisine les sous qu’elle laissait sur la tablette pour payer le fournisseur qui passait trois fois par semaine. En outre, sur le point de s’esquiver, il avait aperçu sur la table, son bracelet, qu’il avait emporté et, dès son arrivée à la ville, mis au clou, espérant se refaire et le reprendre bientôt. Philippe avait peur de sa colère : elle l’avait déjà chassé et ne le gardait que pour aguicher par la jalousie l’homme, le vieillard qu’elle voulait épouser. Parfois, sa vanité s’abandonnait aussi à la douceur des lettres et des poèmes qu’il lui écri-