PRÉFACE.
A bibliographie proprement
dite, cette branche
si essentielle
et aujourd’hui
si étendue de l’histoire
littéraire, qui a
pour but la connaissance
des livres dans tous ses plus minutieux
détails, n’a pu, on le conçoit facilement,
acquérir quelque importance et devenir
une sorte de science, que longtemps après
l’invention de l’imprimerie. Jusque-là le
bibliographe avait dû se borner à de
simples inventaires, c’est-à-dire à prendre
les titres des livres, à les ranger soit dans
l’ordre alphabétique des noms ou des
prénoms de leurs auteurs, soit dans l’ordre
méthodique résultant de la nature des
ouvrages, en ajoutant quelques indications
biographiques très-sommaires. Ce
premier état de la science est ce qu’Ebert,
auteur d’un Dictionnaire bibliographique
allemand, rédigé d’après la seconde édition
du nôtre, nomme bibliographie pure,
par opposition à une bibliographie appliquée,
que nous nommerons, nous, bibliographie
pratique. C’est principalement
dans le premier de ces deux genres que
s’est signalé Conrad Gesner, savant infatigable
et d’une immense érudition. Nos
deux bibliographes, La Croix du Maine et
du Verdier, dans leurs Bibliothèques françoises,
imprimées pour la première fois
en 1584 et 1585, ont suivi de fort près la
méthode de Gesner ; mais du Verdier a
joint à ses notices des extraits qui en
augmentent beaucoup l’intérêt. Plus tard,
et à mesure que la presse, devenue plus
active, multipliait ses produits, les attributions
de la bibliographie commencèrent
à s’étendre ; car alors il ne suffit plus
d’indiquer simplement par leurs titres,
comme on l’avait fait naguère, les écrits
qui paraissaient journellement dans toute
l’Europe, il fallut encore joindre à ces indications
des appréciations plus ou moins
bien motivées du mérite intrinsèque ou
du degré d’utilité relative de certains ou-TOME I. b