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Page:Brunet - Manuel du libraire, 1860, T01.djvu/24

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Je me suis occupé avec une attention particulière de ce qu’on appelle les éditions princeps, de même que des premières productions typographiques des plus anciens imprimeurs ; mais n’ayant en général que fort peu d’espace à consacrer à mes notices, et me trouvant resserré dans des colonnes étroites, je n’ai pu toujours figurer aussi exactement que je l’aurais souhaité, et que mes notes me permettaient de le faire, les premiers mots et les souscriptions de ces précieux incunables. Il a donc fallu me borner à des fragments pris soit au commencement, soit à la fin des volumes décrits par moi, et tâcher d’en conserver exactement l’orthographe, bonne ou mauvaise, ainsi que les abréviations et les autres signes caractéristiques. Cependant je me suis étendu davantage au sujet d’un certain nombre d’articles précieux, ou qui avaient tout à fait échappé aux recherches de mes prédécesseurs, ou bien qui n’avaient encore été qu’imparfaitement décrits. J’en ai agi de même à l’égard de nos vieux livres français, que l’on avait beaucoup trop négligés avant moi.

Ces notices descriptives, et, je puis le dire, une grande partie de celles du même genre que renferme le Manuel, ont été puisées aux sources mêmes ; c’est-à-dire que j’ai vérifié par mes propres yeux tout ce qu’il m’a été possible de trouver dans les bibliothèques publiques de la capitale, dans les collections particulières, chez les libraires, et jusque dans les expositions de livres à vendre qui ont lieu presque journellement à Paris. Là surtout, je veux parler des expositions, j’ai pu rencontrer bien des curiosités qui m’étaient inconnues, en revoir d’autres que je n’avais pas d’abord assez bien examinées, enfin comparer entre elles les différentes éditions de plusieurs ouvrages rares, et me rendre compte de leur degré de mérite littéraire ou typographique. L’avantage que j’ai très-souvent retiré de ces utiles collations m’a fait vivement regretter qu’il ne m’ait pas été possible de comparer également toutes les éditions dont j’ai parlé. Pour suppléer à ce qui m’a manqué, j’ai eu recours aux traités spéciaux de bibliographie les plus dignes de confiance, et que presque toujours j’ai eu grand soin de citer, lorsque je leur ai fait des emprunts de quelque importance, ce qui me dispensera de rappeler ici les noms de leurs auteurs. Indépendamment de ces secours abondants, qui sont à l’usage de tout le monde, j’ai eu en communication plusieurs documents bibliographiques manuscrits, d’un véritable intérêt pour moi, et que je dois faire connaître. Il s’agit d’abord d’un Manuel bibliographique, rédigé par Magné de Marolles, auteur plus connu par son Traité de la chasse au fusil que par ses recherches sur les livres. Quoique ce manuscrit ne soit guère qu’un simple abrégé de la Bibliographie instructive, j’y ai rencontré quelques bonnes notices sur des objets que de Bure avait négligés. Je citerai ensuite : 1o l’exemplaire des Bibliothèques francoises, de La Croix du Maine et de du Verdier, in-4., qui est chargé de notes de la main de Mercier, abbé de Saint-Léger ; ce travail immense et d’un grand intérêt appartient à la Bibliothèque impériale ; 2o les Notices du même savant sur les poëtes latins modernes, ou plutôt du moyen âge, jusqu’en 1520 ; simples matériaux à la vérité, mais matériaux précieux, qui sont actuellement cn ma possession, ainsi qu’un certain nombre de ces petits papiers si curieux, sur lesquels l’ancien bibliothécaire de Sainte-Geneviève avait l’habitude de déposer le fruit de ses actives recherches, en attendant qu’il pût trouver à en faire usage dans quelque dissertation spéciale. Enfin je n’oublierai pas de parler des notices descriptives de tous les livres précieux de la bibliothèque du duc de La Vallière, vendue en 1784, notices faites et écrites avec une patience admirable par le savant bibliographe Joseph Van Praet, qui me les a communiquées peu de temps avant sa mort.