Page:Brunet - Manuel du libraire, 1860, T01.djvu/30

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

que possible exempt des erreurs graves qui se glissent si facilement dans un livre aussi rempli de noms propres et de dates que l’est celui-ci. Si je n’ai pas entièrement réussi sur ce dernier point, je dois dire, pour mon excuse, qu’en corrigeant des épreuves hérissées de difficultés en tout genre, et où il se présentait à tout moment des titres remplis d’abréviations et de fautes typographiques qu’il fallait reproduire, je me suis souvent trouvé dans l’alternative d’être incorrect en voulant être trop exact, ou inexact en voulant être correct. Pour cette partie de mon travail, qui certes n’en était pas la moins épineuse, j’ai encore une fois eu recours aux lumières et à l’inépuisable complaisance de mon bon et ancien ami, J.-P.-A. Parison, lequel, non-seulement a bien voulu revoir toutes mes feuilles, comme il l’avait déjà fait pour mes éditions précédentes, mais encore m’a communiqué des observations judicieuses que je me suis empressé de mettre à profit. La mort de ee savant bibliophile, arrivée en septembre 1855, a été pour moi une perte irréparable, que j’ai déjà eu l’occasion de déplorer dans la notice que j’ai placée en tête du Catalogue de ses livres, publié par M. H. Labitte. En parlant de la quatrième édition du Manuel, je me plais à reconnaître la part active qu’y a prise M. Silvestre, son soigneux éditeur, soit en me procurant des renseignements qui me manquaient, soit en vérifiant dans nos bibliothèques publiques ceux sur lesquels il me restait des doutes, soit enfin en relisant attentivement des épreuves qui avaient déjà passé plusieurs fois sous mes yeux. C’est à lui qu’appartient entièrement l’heureusce idée d’introduire dans le Manuel les marques typographiques des imprimeurs français antérieurs à la seconde moitié du xvie siècle. C’est lui seul qui a surveillé l’exécution de ces gravures, dont l’exactitude a été généralement reconnue[1].

À défaut de M. Silvestre, j’ai trouvé deux précieux auxiliaires dans M. Olivier Barbier, l’un des conservateurs des livres imprimés de la Bibliothèque impériale, bien connu par son amour pour la bibliographie et par le zèle qu’il apporte dans l’exercice des fonctions attachées au poste important qu’il occupe ; et aussi dans M. Léon Scott, habile correcteur, qui, avec M. Jules Chenu, a revu les épreuves de mes cinq premiers volumes, et a été seul chargé du dernier arrangement et du complétement du sixième, auquel j’ai beaucoup travaillé moi-même, mais dont les épreuves n’ont eu de moi qu’un simple coup d’œil.

MM. les conservateurs des bibliothèques de Paris ont tous plus ou moins droit à mes remerciements pour la bienveillance qu’ils m’ont constamment témoignée, et pour l’empressement qu’ils ont mis à répondre à mes demandes ; mais je dois offrir un tribut particulier de ma reconnaissance à la mémoire de Joseph Van Praet, mort conservateur de la Bibliothèque royale. Ce savant bibliographe, qui m’honorait de son amitié, a plus que tout autre contribué à faciliter mes recherches, soit en me communiquant, avec la plus aimable complaisance, les richesses inappréciables que, pendant le cours d’un demi-siècle, il a eu le bonheur de placer lui-même dans le dépot confié à ses soins, soit en me faisant profiter du fruit de sa longue expérience[2]. À ce nom si res-


    la manière de placer les noms propres qui commencent par les articles Le, La, De, Du, Des. Cette fois il faudra chercher La Fontaine et La Harpe à l’L, de même que Le Clerc, Le Clere, Le Clerq. Au D se trouveront Du Pont, Du Puy, etc. Il était impossible d’en agir autrement, aujourd’hui que cette méthode est généralement adoptée. D’ailleurs, si ce nouvel arrangement a son inconvénient, il y en aurait eu un plus grand encore de prétendre avoir raison contre tout le monde, dans une chose de cette nature.

  1. Ces marques que nous reproduisons dans nos pages après la révision de M. Olivier Barbier, M. Silvestre lui-même en a fait l’objet d’une nouvelle publication plus complète que la première. Voir dans notre 5e vol. l’article Silvestre (L.-C.), et sous le no  31313 de notre Table.
  2. Qu’il me soit permis de rappeler ici, et sans trop m’en prévaloir, le jugement beaucoup trop flatteur que ce grand bibliographe a porté de mon Manuel, à la p. 506 de l’édition in-fol. de son excellent