Page:Brunetière - Cinq lettres sur Ernest Renan, 1904.djvu/40

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religion, c’est un sujet. Monsieur, sur lequel, depuis une dizaine d’années, je me suis expliqué si souvent, que vos lecteurs ne me pardonneraient guère d’y appuyer avec trop d’insistance. Puis-je pourtant n’en rien dire ? et, si l’affirmation de la Souveraineté de la Science fait le second article de la philosophie de Renan, puis-je m’abstenir ici de montrer, très brièvement, qu’il n’est ni plus conforme à la vérité, ni par conséquent plus solide que le premier !

C’était l’opinion d’un homme qui vient de mourir, M. Charles Renouvier, dont je défie bien M. Théodule Ribot lui-même, son confrère à l’Institut, de mettre en question la grande valeur philosophique et scientifique. Pour détaché qu’il fut lui-même du christianisme, les « légèretés » de Renan lui faisaient de la peine. « Jamais Renan, écrivait-il en 1897, ne connut assez les limites et la méthode des sciences expérimentales, pour comprendre qu’elles ne vont au fond de rien, et qu’il leur est interdit de nier, aussi bien que d’appuyer la solution d’aucun problème philosophique d’ordre général, ou de donner ou de refuser un fondement aux théories de la morale et du droit plus qu’aux croyances surnaturelles. » Et, en