Page:Brunetière - Cinq lettres sur Ernest Renan, 1904.djvu/47

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L’exégèse et la philologie ne sont certainement pas inutiles à l’intelligence de la Bible ; mais, quand elles ont accompli leur tâche, qui est de déterminer l’âge et le contenu du texte, la question de la « révélation » demeure tout entière ; et, en un certain sens, il n’y en a pas d’autre. Et nous ne nions pas d’ailleurs que ces problèmes de chronologie sémitique ne soient pleins d’attraits, de presque autant d’attraits qu’ils cachent de pièges, et qu’ils réservent de surprises à ceux qui les abordent. Mais qu’elle est courte, cette philosophie, qui semble mettre ainsi dans la dépendance, et comme à la discrétion d’une question de grammaire ou d’épigraphie, les intérêts vitaux de l’humanité ! Le jugement le moins sévère qu’on en puisse porter est de dire qu’elle est contemporaine des années où Max Müller, autre philologue illustre, déduisait de quelques calembours toute la mythologie des Grecs et des Romains, et fondait à sa manière, voisine ou germaine de celle de Renan, non plus l’histoire, mais « la science des religions », sur des rapprochements dont la puérilité n’avait d’égale que leur incertitude.