Page:Brunetière - Cinq lettres sur Ernest Renan, 1904.djvu/80

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seront trop heureuses, non seulement de se soumettre, mais de s’offrir aux expériences que le surhomme se proposera de tenter sur elles, — par amour de la science, et pour la satisi’action de son propre génie.

Avais-je tort. Monsieur, de vous dire qu’on ne saurait guère imaginer de conception de l’histoire « plus féroce » ? que le mépris de l’humanité ne s’est jamais exprimé d’une façon plus cynique, ou rarement, — et quoique d’ailleurs en termes plus « plaisants », on serait tenté de dire plus « badins » ? — et que la superstition de la science, incarnée dans le savant que Renan croyait être, et la religion de l’intellectualisme n’ont jamais plus audacieusement ni plus ingénument manifesté ce que l’orgueil de savoir le syriaque ou le zend a d’ « antidémocratique » ? C’est un troisième et dernier trait sur lequel il faut que j’insiste.

Un homme que Renan n’aimait guère, et dont la lourdeur de style offensait sa délicatesse de bel esprit, Auguste Comte, a écrit : « J’ai déploré quel-