Page:Brunetière - Cinq lettres sur Ernest Renan, 1904.djvu/94

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devenaient « passionnantes » sous celle de Renan. Et, si c’est là ce qu’on appelle « vulgariser », souhaitons-nous à nous-mêmes beaucoup de « vulgarisateurs » comme Ernest Renan.

On peut ajouter que, dans cette mesure, — mais dans cette mesure seulement, — son œuvre, en général, et ses Origines du Christianisme, en particulier, ne laisseront pas d’avoir servi la cause du progrès religieux. Je crois bien, pour ma part, que nous faisons aujourd’hui plus d’état qu’il n’en faudrait faire des questions d’exégèse, et, à mon humble avis, — dans un problème où chacun peut et doit même avoir son avis, — l’argument essentiel de Bossuet, discutant contre Richard Simon, n’a rien perdu de sa valeur. « Qu’on me dise si, de toutes les versions et de tout le texte quel qu’il soit, il n’en reviendra pas toujours les mêmes miracles, les mêmes prédictions, la même suite d’histoire, le même corps de doctrine, et enfin la même substance ? En quoi nuisent après cela les diversités des textes ? Et que nous faut-il davantage que ce fond inaltérable des livres sacrés ? » Mais, puisque l’on veut de l’exégèse, et qu’autant que personne j’en reconnais la très vive séduction, Renan nous a