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discours

la critique n’a pas tort. Le monde a raison, s’il n’est effectivement, lui, qu’une association pour le luxe et pour le plaisir ; mais la critique n’a pas tort, si son devoir est en tout de discerner et de reconnaître, sous la tromperie des apparences, la vraie réalité des choses. Et je veux bien, Messieurs, qu’en raison de la malignité trop ordinaire à notre espèce, il y ait peu de devoirs dont on s’acquitte plus allègrement. Mais ceux-là mêmes qui s’irritent le plus des libertés de la critique, se sont-ils demandé quelquefois ce qu’ils lui doivent de reconnaissance, si c’est elle, en tout aussi, qui les empêche d’être dévorés, selon le beau mot d’Ernest Renan, « par la superstition et la crédulité » ? Dehors pompeux, grands mots et grandes phrases, vain étalage de beaux sentiments, préjugés de toute sorte, conventions hypocrites, admirations mal placées, — dont le