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de m. ferdinand brunetière.

l’actualité comme à sa raison d’être ; la préoccupation de l’absolu la rendrait trop inattentive aux conditions de ce que j’appellerai son contrat avec nous ; et, par exemple, selon le mot célèbre d’Émile de Girardin à Théophile Gautier « le style gênerait l’abonné ». Des faits, encore des faits, des chiffres, des renseignements, des nouvelles, c’est ce que nous attendons de notre journal, et si le meilleur a jadis été le mieux écrit ou le mieux pensé, ce ne sera plus à l’avenir que le mieux informé. Les petits télégraphistes, ou les demoiselles du téléphone, suffiront alors à le rédiger, et un journaliste, en ce temps-là, cachera soigneusement son talent, de peur qu’il ne lui nuise… Qu’est-ce à dire, Messieurs, sinon, que par des chemins eux-mêmes tout différents de ceux de la littérature, la presse, à chaque pas qu’elle fait vers son but, s’éloigne de celui que l’artiste